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Témoignage 08/03/2019

Chrystelle Aprile: une des rares femmes conductrices d'engins de chantier de France

Chrystelle Aprile

  - 39 ans

conductrice d'engins de chantier

" Sur un chantier, je me sens à ma place"

En bref

Coiffeuse, vendeuse, assistante maternelle; jusqu'alors Chrystelle Aprile avait exercé des métiers " traditionnellement féminins". Depuis quelques jours, elle est l'une des rares femmes à occuper la fonction de conductrice d'engins de chantier.

 N’hésitez pas !  C’est le conseil que donne Chrystelle Aprile aux femmes qui hésitent à travailler dans les travaux publics. « Il y a de plus en plus de conductrices poids lourds, sur chantier ou en gravières, de femmes dans les carrières ou en tant que chefs de chantier ». Mais rares sont encore les femmes conductrices d’engins de chantier. Bientôt Chrystelle Aprile rejoindra ce club très fermé.
 

Des métiers "traditionnellement féminins" à un métier "très masculin"

Pourtant rien ne la prédestinait  à exercer ce métier. Adolescente, c’est la coiffure qui l’attire. Elle passe un brevet professionnel et poursuit en alternance. Une expérience qui ne lui plaît guère.
Elle change de voie et exerce pendant 8 ans comme vendeuse en boulangerie. « J’aimais ce métier, j’aimais le contact avec la clientèle », indique-t-elle. 

Mais lors de son deuxième congé parental, elle décide de se reconvertir.  « Il m’était difficile d’avoir une vie de famille en travaillant soir et week-end. Je voulais être plus disponible pour  mes enfants.» Chrystelle choisit de devenir assistante maternelle. Pendant neuf ans, elle garde avec joie bébés et jeunes enfants. 

Mais l’isolement lorsqu’on travaille à domicile se fait de plus en plus sentir : « je n’avais pas vraiment de collègues même si je rencontrais parfois d’autres assistantes maternelles au RAM (Relais assistante maternelle). La vie sociale n’est pas la même. » L’idée d’arrêter germe dans sa tête mais Chrystelle  n’a aucune idée de ce qu’elle voudrait faire. Sa séparation l’a contrainte à arrêter son métier précipitamment. « N’ayant plus la même adresse, je n’avais plus d’agrément pour exercer », explique-t-elle.

Elle doit réfléchir à son avenir professionnel. Pôle emploi lui propose de faire un bilan de compétences. Chrystelle voudrait concilier sa passion de la conduite en travaillant dans le secteur de la petite livraison mais sa conseillère l’en dissuade. Retour à la case départ.

Un jour Chrystelle se rend avec son nouveau compagnon sur un chantier. « J’ai été tout de suite intriguée par les engins de chantiers, ces grosses machines. » On lui propose d’en conduire une. Loin de lui faire peur, Chrystelle accepte immédiatement. « Je n’avais eu l’occasion d’en conduire. J’ai vraiment accrochée.  D’ailleurs, je pensais être restée 15 minutes, j’y restais pendant 1 heure ! ».

Sa décision est prise : elle sera conductrice d’engins de chantier. Elle retourne voir sa conseillère pour lui demander une formation. « Elle a vu que j’étais déterminée et que je ne changerai pas d’avis. »  Avant de suivre sa formation conductrice d’engins de chantier à l’Afpa de Toulouse Palays, elle lui impose tout de même un stage d’immersion de deux semaines dans une petite entreprise de TP. « Je suis restée au sol mais, être sur un chantier, entourée de ces machines, je me suis éclatée. »
 

La vie de chantier

A l’Afpa de Toulouse Palays, Chrystelle est la seule femme de son groupe. Ce qui ne la dérange pas du tout. « Je me suis tout de suite intégrée. Personne ne m’a dit que je n’étais pas à ma place. Au contraire, la gente masculine m’a intronisé la mascotte du groupe. »

Tombereau, tractopelle, pelle hydraulique, pendant 4 mois Chrystelle s’est entraîné à manipuler et à conduire ces 3 machines. Pour son stage, Chrystelle retourne dans l’entreprise où elle a effectué son stage d’immersion. « J’ai pu conduire, avec un binôme au sol, des engins de plus de 5 tonnes, participant ainsi à la réalisation de mes premiers chantiers ». J’ai dû laisser la main la dernière semaine car nous étions sur un chantier de construction de lotissements, et les maçons devaient passer après nous pour construire trottoirs et bordures ; ma vitesse d’exécution n’était pas encore au niveau des conducteurs expérimentés. Je n’ai pas vu passer le mois de stage et cela a confirmé que j’étais bien à ma place.»

La formation s’est terminée le 22 février. Et Chrystelle Aprile rejoindra début mars ses collègues de chantier, non plus comme stagiaire mais comme salariée de l’entreprise.

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