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Témoignage 14/11/2016

Ahmed Mahdi, malvoyant et futur agent d'entretien du bâtiment

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Ahmed Mahdi

  - 49 ans

futur agent d'entretien du bâtiment

« Je me rends compte maintenant que tout le monde a sa chance»

En bref

Ahmed Mahdi a 49 ans. Ancien soudeur dans l'aéronautique, il perd progressivement sa vue suite à l'explosion de l'usine AZF. Aujourdh'ui malvoyant, il se forme à son nouveau métier : agent d'entretien du bâtiment.

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Ahmed a 49 ans. Il est malvoyant à près de 80%, mais ça n’a pas toujours été le cas. Titulaire d’un CAP serrurier métallier, il a exercé le métier de soudeur pendant  près de 20 ans, notamment pour l’entreprise CTRA, sous-traitant d’AZF dont l’atelier était implanté dans l’usine AZF : « on assurait des permanences jour et nuit, je faisais de la maintenance, de la soudure, de la chaudronnerie, j’aimais mon métier ».
 

Perte progressive de la vue : une souffrance

Et en 2001, c’est la terrible explosion dont chacun se souvient : 31 morts sur le site. Pour Ahmed et ses collègues, c’est le choc. Lui n’est pas blessé et pourtant…Il reprend son activité en intérim chez Airbus pendant 3 ans, mais il a de plus en plus de difficultés à exercer le métier de soudeur, très précis et minutieux.

Ahmed s’aperçoit que sa vue diminue, il lui faut une lampe pour voir les chiffres sur les plans, puis une loupe, jusqu’au jour où il n’y arrive plus. Ses difficultés, sa souffrance, il les cache à ses collègues et choisit d’arrêter son activité sans leur donner la véritable raison de ce choix: « j’avais honte, je cachais mon handicap. C’était épuisant ».

S’en suit une longue période de chômage, une vraie traversée du désert ou Ahmed refuse d’accepter l’évidence : il voit de moins en moins, alors il s’isole. Le diagnostic est tombé en 2009. Ahmed est malvoyant à 79% avec un rétrécissement du champ visuel sur le côté et vers bas, et cela est une conséquence directe de l’explosion d’AZF.
 

Une renaissance professionnelle

Il y aura encore des années difficiles, trois opérations des yeux, un long processus pour accepter ce handicap. Et en 2015, il se rapproche de l’institut des jeunes aveugles avec l’aide de son médecin et intègre cette structure qui l’accompagne dans son parcours professionnel. Une véritable renaissance pour Ahmed : « Ça m’a remis sur les rails, ça m’a beaucoup aidé à accepter mon handicap et à comprendre qu’il y avait des solutions ».

Et une solution, Ahmed l’a trouvé avec l’aide des formateurs de l’institut des jeunes aveugles. Il aime bricoler, et il a envie de faire une formation qui lui permettrait d’intégrer une collectivité. Après s’être rendu aux journées portes ouvertes de l’afpa de Toulouse Palays, il a intégré la formation d’agent d’entretien du bâtiment depuis le mois de février.
 

Devenir agent d'entretien du bâtiment : un vrai challenge !

Il a bénéficié d’une adaptation de son poste de travail financée par l’Agefiph : une tablette qui lui permet d’agrandir les caractères et de zoomer sur un schéma par exemple, un niveau et un mètre sonore. L’afpa de Palays lui a fourni un grand écran et Remi Salvadori, son formateur s’investit pour qu’il puisse suivre la formation dans les meilleures conditions : une caméra filme le tableau où sont projetés les cours, directement relié à l’ordinateur équipé d’Ahmed. « Mon formateur m’aide beaucoup, il est très à l’écoute mais exigeant, il veut que je réussisse ! »

Il est aussi suivi par 3 personnes de l’institut des jeunes aveugles, dont Alice, ergothérapeute : « elle m’aide à trouver des solutions. Par exemple pour le ponçage, elle m’a appris à utiliser le toucher pour que je me rende compte si c’est bien fait ». Rémi Salvadori ajoute : « C’est très riche pour un formateur, tant humainement que sur les aspects pédagogiques. On se remet en question, il faut trouver d’autres façons de faire. Au niveau du groupe, ça les dynamise et il y a une vraie solidarité »

Ahmed a le sourire : « j’ai validé mon premier CCP en aménagement d’intérieur. Quand mon formateur m’a dit « chapeau », j’ai ressenti de la fierté et j’y crois ! ». Ahmed commence bientôt un stage à la maison de retraite de Gratentour.

Quand on lui parle d’avenir, il répond : « Moi, je voudrais intégrer une mairie et pouvoir assurer des travaux d’entretien. Je me rends compte maintenant que tout le monde a sa chance». 

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