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Témoignage 01/02/2010

« La mécanique, mon deuxième métier préféré »

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Patrice Lebon

  - 42 ans

tourneur-fraiseur

En bref

Avant, Patrice Lebon était boulanger. À la suite d’un accident de trajet qui le laisse handicapé, il doit se reconvertir. Il choisit de suivre une formation de tourneur fraiseur et fourmille de projets d’avenir. « Dans ce métier, on peut faire des trucs de dingue » assure-t-il enthousiaste.

Difficile de faire le deuil d’un métier que l’on a choisi, aimé et pratiqué pendant vingt ans. Mais la vie parfois ne vous donne pas le choix. À Limoges, Patrice Lebon était un chef boulanger-pâtissier heureux quand un accident de moto, sur la route du travail, l’a obligé à changer d’orientation professionnelle. Avec un bras droit atrophié, impossible pour lui de continuer à pétrir, porter les sacs de farine ou faire les multiples manipulations que le métier exige.

Aujourd’hui, il est usineur et a obtenu son titre de tourneur au centre Afpa de Brive sur le site détaché de Saint-Pantaléon. Heureux à nouveau, « c’était mon deuxième métier préféré », reconnaît-il, avouant aussi que le chemin a été long et parsemé d’embuches. Mais sa détermination et sa forte motivation en sont venues à bout.

Patrice embauche désormais tous les matins dans une PME de mécanique de précision à Tulle. En contrat de professionnalisation de fraiseur jusqu’en juillet 2015, il est en voie de décrocher, à 42 ans, un CQPM* de technicien d’atelier en usinage, niveau bac pro, avec un CDI en vue. 

« Impressionnant le bonhomme », décrit Thierry Mahé, le formateur Afpa qui a suivi tout son parcours. « Dur de trouver plus motivé, plus impliqué dans sa formation », se souvenant qu’au début, il avait pourtant été surpris de cette reconversion dans la mécanique.
 


Trouver un métier qui plaît

Après l’accident, première étape pour Patrice : la confrontation avec la paperasse indispensable à remplir pour faire reconnaître son handicap et ses recherches pour débroussailler le terrain menant à une nouvelle vie professionnelle. « J’étais largué au début, craignant que l’étiquette “travailleur handicapé” me colle à la peau. Cap emploi me poussait à me lancer dans un autre métier au plus vite. Pour moi, ce n’était pas évident de passer à autre chose. Mon métier, c’était ma vie », se souvient Patrice. Ne voulant pas être assisté, il obtempère et opte, sans conviction, pour une formation réservée aux travailleurs handicapés dans la maintenance informatique. Expérience malheureuse, il s’y ennuie. Il avait aimé bidouiller sur son ordinateur avec les copains mais de là à en faire un métier…. « Je voulais trouver un métier qui me plaisait et pas travailler seulement pour gagner de l’argent. » 

De retour à Cap emploi, l’envie d’un nouveau métier est arrivée à maturité, une envie d’usinage, souvenir des moments passés à bricoler la mobylette de sa jeunesse avec le tourneur de son village, souvenirs de paroles échangées avec des membres de sa famille qui travaillent dans ce secteur, souvenirs des modèles réduits fabriqués avec le soutien du président de l’association de modélisme, tourneur à la retraite.

Pas gagné pour autant, compte tenu de son handicap, tout le monde cherche à le dissuader de suivre cette piste. Il s’obstine, « j’ai dû prouver que je pouvais le faire ». Une journée de tests au centre Afpa de Limoges suffit à débloquer la situation.
 

Un métier d’avenir

De ses mois de formation au centre, Patrice retient la solidarité entre stagiaires « une session super, beaucoup d’entraide, en particulier le soutien d’un tourneur algérien expérimenté, là pour valider ses acquis » et le professionnalisme de Thierry Mahé « on peut tout lui demander, il connaît toutes les machines et il est au top côté pédagogie. Ex chef d’atelier, il connaît le tissu industriel local et contacte les entreprises pour caser ses stagiaires ». Lors d’un stage de trois semaines dans un petit atelier de mécanique générale, Patrice se confronte à la mécanique conventionnelle. « Tout à la main, que de la pièce unique et le grand savoir-faire de ses patrons, monsieur et madame, qui ont 40 ans de métier et travaillent de concert. » 

Il a aimé le petit atelier mais depuis, dans sa nouvelle entreprise qui travaille principalement pour l’aéronautique, il a découvert le numérique, une autre vision du métier « avec le numérique, tout va super vite et on peut faire des trucs de dingue », affirme-t-il enthousiaste.

Entre les deux, son cœur balance, il est toujours avide d’apprendre avec l’objectif de s’installer un jour prochain à son compte. Il assure qu’il y a « du travail à n’en plus savoir qu’en faire. C’est un métier d’avenir, tout va évoluer, les machines, les procédés de fabrication ». En attendant, déjà, il grave des petites pièces chez lui et a l’intention de se fabriquer une imprimante 3D, pour son usage personnel.
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