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Décryptage 30/05/2016

La transition énergétique au coeur des métiers du froid

Monter et préserver une chaîne du froid qui soit pérenne pour tout le monde, c’est la gageure à laquelle s’attellent tous les professionnels du froid. Leurs métiers sont profondément transformés par les impératifs du développement durable, partout dans le monde. La formation délivrée à Alençon place ces enjeux au centre de ses priorités.

Des métiers qui incitent à la prise de conscience environnementale

Point fort de la formation d’Alençon : l’apprentissage des usages des fluides naturels. « Aucun organisme public de formation ne propose de formation spécialisée sur les fluides naturels, alors que c’est l’avenir du métier », explique Edouard Chalhoub, formateur aux métiers du froid à l’Afpa d’Alençon.  « Les fluides naturels sont déjà partout dans les usages : agriculture, réfrigération industrielle… Notre centre est l’un des seuls qui y forment spécifiquement. »

L’Union Européenne pousse de plus en plus à l’usage des fluides naturels en réfrigération, comme l’ammoniac ou le CO2. Ils ont un impact 4 000 fois moindre sur l’environnement que les fluides actuellement en usage, explique Edouard Chalhoub : « 1kg de R404, qu’on utilise partout, réchauffe autant la planète que 4 tonnes de CO2 ».

Le centre d’Alençon est pilote sur d’autres projets touchant à la transition énergétique : Edouard Chalhoub et ses collègues sont en train d’expérimenter, avec l’ADEME et l’association normande de l’agroalimentaire, une formation pour la réglementation ISO 5001, qui vise à améliorer le suivi et la réduction des consommations énergétiques. Les entreprises sont de plus en plus intéressées par ce genre d’habilitation, pour tenir leurs audits énergétiques. Des formations de trois jours seront mises en place à partir de septembre.

 

Introduire l’économie circulaire dans le secteur industriel

Qui dit transition énergétique dit aussi réduction des pollutions en tous genres, y compris réduction des déchets. « Quand on travaille dans les métiers du froid, on voit gâché beaucoup de matériel, c’est incroyable. Quand les entreprises déménagent ou se modernisent, leur matériel industriel est jeté, personne ne le récupère. » explique Edouard Chalhoub. Un gâchis que les stagiaires aussi remarquent vite, et qui les poussent à vouloir changer les choses.

En 2015, les stagiaires d’Alençon et leur formateur se sont par exemple lancés dans un projet humanitaire en échange avec le Burkina Faso. Au départ, une idée simple : répondre à l’expression d’un besoin en matériel de réfrigération, en envoyant des machines à glace inutilisées en France – donner une seconde vie au matériel. Très vite cependant, il s’est avéré qu’une machine à glace ne suffirait pas : dans des pays où la chaîne du froid n’est pas en place, introduire une machine implique de mettre en place tout un environnement pour l’accueillir, matériel et humain.

Ils ont dû réfléchir à des machines spécifiques pour Poundou. Notamment, installer du photovoltaïque pour obtenir l’électricité nécessaire au fonctionnement des machines. Mais il est hors de question d’utiliser des batteries, trop polluantes. Solution : l’énergie est « stockée dans le froid ». En journée, les panneaux produisent l’énergie solaire qui refroidit les chambres froides ; la nuit, les blocs de glace stockés à l’intérieur maintiennent la température égale.

D’un besoin de réduction des déchets, ils sont passés à un besoin d’énergies renouvelables, à un besoin de réduire la consommation énergétique globale : innover dans la chaîne du froid, cela passe par une forme d’économie circulaire.

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