En bref
Dominique Stalla se charge des sessions de confirmation de projets professionnels, et des formations préparatoires aux métiers du bâtiment, au centre Afpa de Saint-Dizier. A la fois conseiller et initiateur, il est primordial pour lui de connaître toute la palette des métiers du bâtiment ; un rôle dont il s’enquit volontiers, passionné qu’il est par leur diversité.
Au départ, plombier-chauffagiste passionné…
A 15 ans, Dominique Stalla démarre comme apprenti dans le bâtiment ; deux ans plus tard, il valide un CAP de chauffagiste. De poste en poste, il accumule de l’expérience et progresse professionnellement : en 1987, alors qu’il a 23 ans, il profite d’un congé individuel de formation (CIF) pour obtenir un brevet professionnel en génie climatique, à Reims. Après quelques chantiers encore, il décide de valider un second CAP en candidat libre, puis un brevet professionnel de plomberie.
Autant d’étapes qui lui ont garanti la reconnaissance de ses compétences professionnelles. C’est le brevet en génie climatique qui lui a le plus apporté, à la fois en termes techniques, et en termes de marché : « aujourd’hui dans ce secteur, on est chauffagiste bien plus que plombier, c’est sur ces compétences qu’il faut miser. »
Au total, plus de vingt ans de chantiers. « Je travaillais essentiellement sur des chantiers de réhabilitation et de rénovation. C’est-à-dire que je côtoyais beaucoup d’autres corps de métiers, chaque jour. Ça a certainement influencé mon parcours » explique-t-il.
… puis formateur pour le goût du contact humain
Après toutes ces années de carrière, naît une envie de changer : Dominique Stalla souhaite plus de contact humain dans son métier, l’envie de transmettre lui vient. Il a alors 36 ans ; il postule pour devenir formateur ITS (Installations thermiques et sanitaires) ; et réussit ses essais, à Toulouse. Mais, finalement, pour ne pas priver un collègue qui visait le même poste que lui de formateur ITS, il décide de s’occuper des formations préparatoires aux métiers du bâtiment. Après quatre mois de formation pédagogique à Istres et un stage d’application de formateur mené à Lardy, Dominique Stalla s’installe au centre de Saint-Dizier. « Je suis arrivé là un peu par hasard en fait ! Mais j’ai découvert qu’en préparatoire, il y avait bien plus de variété, ma curiosité était plus assouvie. On y fait autant d’accompagnement que de technique ; c’est ce que je cherchais, en fait. »
Une préférence qui est très vite confirmée : rapidement, Dominique Stalla doit remplacer un collègue formateur ITS – pendant trois ans et demie. Une expérience qui lui plaît beaucoup moins que la formation préparatoire : « c’était très intéressant, mais en formation qualifiante, le cadre est plus rigide, il y a moins de place pour l’initiative et la liberté d’action. Moi j’avais pris goût à ce contact particulier avec les stagiaires, en formation préparatoire, à les aider à trouver leur voie. » Un peu lassé, le formateur est séduit par l’idée de retrouver ses compagnons sur les chantiers ; il est sur le point de se décider à y retourner, quand l’Afpa le recontacte pour lui annoncer que le poste de formateur en préparatoire s’est de nouveau libéré.
En 2005, Dominique Stalla réintègre alors pour de bon son atelier de Saint-Dizier : il y est toujours, depuis lors. « Pour moi, être formateur, c’est être chef d’orchestre, dans tous les sens du terme : on anime, on coordonne, mais aussi on donne à entendre la voix des stagiaires – l’essentiel, c’est de les laisser s’exprimer, trouver eux-mêmes le sens qu’ils veulent donner à leur métier. En tant que formateur, il faut savoir rester en retrait, faire preuve d’empathie, accepter de se remettre en question et de laisser le stagiaire prendre pleinement sa place, être acteur de sa formation. »
« Les stagiaires peuvent s’essayer à plusieurs métiers »
Difficile de mettre sur pieds un projet professionnel solide quand on n’a ni expérience des métiers, ni connaissance de leur diversité : nombreux sont ceux qui abandonnent les formations en cours de route, parce qu’ils s’aperçoivent qu’elles ne sont pas faites pour eux. C’est pour remédier à ces situations que les confirmations de projet ont été mises en place : prendre le temps de s’initier à différents métiers, de comprendre ses affinités par rapport à une matière (bois, fer, pierre…), de construire un projet solide auquel on tienne vraiment.
« J’ai la chance d’avoir un plateau technique à disposition pour mes formations. Pas que du papier crayon chez nous ! », explique Dominique Stalla. « Les stagiaires peuvent s’essayer à plusieurs métiers. Nous partons de situations professionnelles réelles, et remontons ensemble vers une compréhension plus théorique des besoins. Sur le plateau, on comprend directement que telle manœuvre coûte tel effort physique, que tel type de matériau se travaille différemment de tel autre… Tant qu’on ne se teste pas, on ne peut pas savoir si c’est vraiment cela qu’on veut, il faut se confronter au terrain. »
Les stagiaires accueillis en confirmation de projet ont le temps de tester un métier, d’abord en atelier, puis en entreprise ; ils reviennent ensuite soit décidés à approfondir, soit convaincus qu’il vaut mieux changer de projet. Selon les cas, ils partent donc en pré-qualification, en qualification, et parfois accèdent directement à l’emploi. Au total, les stagiaires peuvent s’essayer à trois métiers différents. Dominique Stalla a un rôle d’initiateur, il sait relayer vers ses collègues spécialistes du qualifiant dès que les stagiaires en ressentent le besoin.
Un seul pré-requis pour gagner les formations préparatoires : la motivation. « C’est après, ensemble, qu’on met les outils en place » explique Dominique Stalla. « Quand les personnes vont au bout de ces formations-là, les projets sont bien ficelés. Il y a très peu d’abandon après une telle préparation, les personnes savent ce qu’elles veulent faire. »
Les métiers du bâtiment : histoire et diversité
A l’origine du goût de Dominique Stalla pour la formation, un certain imaginaire familial : son père lui-même travaillait dans le bâtiment, aux moments clef de la reconstruction de la France de l’après-guerre, lors des Trente Glorieuses. L’Etat avait besoin d’une main d’œuvre efficace et rapide, formée grâce à l’ancêtre de l’Afpa, la formation professionnelle accélérée. « Toute mon enfance j’ai entendu parler de la FPA, et même ensuite sur les chantiers. Je n’avais jamais fait le lien avec l’Afpa, avant d’y entrer ! »
Dominique Stalla est imprégné d’histoire, cela se sent dans la conscience aiguë qu’il a de l’évolution des métiers : une conscience pratique, directement issue du terrain. Ses passions le reflètent : de son goût pour les chantiers de réhabilitation, au temps qu’il passe, depuis vingt ans, à « maçonner la pierre pour donner une âme et une histoire à sa vieille maison qu’il rénove », jusqu’aux vitraux d’art traditionnel qu’il apprend aujourd’hui à composer, pour son plaisir.
C’est sans doute aussi la raison pour laquelle les visites qu’il organise ont toujours un intérêt historique pour les stagiaires. « C’est l’occasion pour eux de voir d’autres métiers, de s’ouvrir encore plus de perspectives » explique-t-il. En novembre 2015, ils sont partis à Langres, visiter la ville ancienne et les remparts : l’occasion pour eux de rencontrer des tailleurs de pierre et de découvrir l’histoire d’un lieu que la plupart ne connaissaient pas. L’excursion fut aussi l’occasion de visiter Colombey-les-Deux-Eglises et le château Renaissance de Joinville… En mai 2016, 27 stagiaires, ont aussi pu découvrir le chantier médiéval de Guédelon : une aubaine pour replacer dans l’histoire les métiers dans lesquels ils étaient sur le point d’entrer, souvent vieux de plusieurs siècles et pourtant toujours renouvelés.
La diversité est le maître mot de Dominique Stalla : diversité des métiers, des personnes, des histoires, des lieux, des paysages. Le bâtiment résonne en lui, sous plein de facettes ; avec les années, il a acquis de l’expérience sur tous les terrains, des chantiers de plomberie aux vitraux artistiques. L’atelier de Saint-Dizier est le parfait miroir de cette diversité qu’il fait découvrir aux stagiaires. « On me dit souvent que j’ai un bel atelier. Je réponds que c’est celui des stagiaires carreleurs, peintres, menuisiers, maçons, plaquistes, métalliers, électriciens, plombiers-chauffagistes, qui l’ont construit et fait évoluer progressivement. »