En bref
Clara V. est formatrice Français langue étrangère (FLE) au centre Afpa de Créteil sur le programme “Une voix-e vers l’emploi”, financé par le Fonds Asile Migration et Intégration (FAMI).
Depuis quand avez-vous rejoint le dispositif ? Et pourquoi ?
J’ai rejoint le dispositif en septembre 2018. J’ai auparavant travaillé, à 2 reprises, sur le programme Hope, à l’Afpa qui s’adresse uniquement aux réfugiés et pour lequel j’ai animé la formation de français afin de préparer les stagiaires à l’entrée en formation professionnelle.
À la suite de cette expérience, on m’a proposé de rejoindre le dispositif “Une voix vers l’emploi” au centre de Créteil. J’ai accepté immédiatement parce que le programme me permettait de me diversifier, d’une part en termes de public et, d’autre part, en termes de compétences. En effet, en plus des modules de français, le formateur doit accompagner le stagiaire dans la construction et la finalisation de son projet professionnel.
En quoi consiste “Une voix vers l’emploi” ?
Le programme vise l’insertion professionnelle des primo-arrivants, soit par une entrée en formation, soit directement par la recherche d’un emploi. Pour y parvenir et préparer au mieux l’apprenant au monde du travail, le programme intègre à la fois des modules de français à visée professionnelle pour l’acquisition d’un vocabulaire technique propre à chaque métier, la préparation d’entretiens de travail, la rédaction de CV et de lettre de motivations, des ateliers plus pratiques via une mise en situation professionnelle à travers une immersion sur nos plateaux techniques ou des mini stages, ou encore la création et le développement de son réseau. Des entretiens individuels sont également proposés pour assurer le suivi des objectifs de chaque stagiaire et réévaluer, si nécessaire, son projet.
Quels types de publics recevez-vous ?
Il s’agit de primo-arrivants majeurs, dont la nationalité n’est pas celle d’un pays de l’union européenne. Pour intégrer la formation, ils doivent nécessairement posséder au minimum un niveau A1 de français, fournir un titre de séjour valide ainsi qu’un Contrat d’intégration républicaine (CIR) signé il y a moins de 5 ans.
Quelles sont vos missions ?
Je dispense 150 heures de français pendant la formation (14 heures réparties sur deux jours par semaine), à travers lesquelles, en plus de l’apprentissage de la langue, le stagiaire développe son savoir-être en milieu professionnel. J’effectue également régulièrement des points individuels pour suivre l’évolution du projet professionnel de chaque stagiaire. Ma mission s’étend aussi à la prise de contact avec différents formateurs et chargés de recrutement afin de donner aux stagiaires qui le souhaitent la possibilité de découvrir ou d’intégrer des formations.
Quelle satisfaction retenez-vous de ce programme d’innovation sociale ?
Tout simplement, d’aider les stagiaires à réaliser des objectifs professionnels qu’ils pensaient au départ insurmontables. Alors qu’ils ont parfois des années d’expérience du métier ciblé dans leur pays, ici, tous sont confrontés à la barrière de la langue. C’est particulièrement frustrant pour eux de devoir tout reprendre à zéro. Pourtant, au fil de la formation, leur confiance en eux et leur motivation grandissent. Un réel déclic se produit, au-delà de la langue. On les voit alors prêts à surmonter les obstacles pour s’insérer sur le marché du travail et mieux s’intégrer.
Pouvez-vous partager avec nous une belle histoire ou une belle victoire ?
J’ai accompagné récemment une stagiaire russe qui avait 14 ans d’expérience en tant qu’architecte d’intérieur dans son pays. Son désir était de continuer ce métier en France. Toutefois, malgré de solides compétences dans ce domaine, elle était anxieuse à l’idée de pratiquer la langue française et donc de se lancer dans la recherche d’un emploi. Après plusieurs heures consacrées à la préparation et la simulation de son entretien de travail, elle a repris confiance en elle. Son regain d’énergie s’est traduit par l’élaboration minutieuse de son portfolio et l’envoi massif de candidatures. Elle a été contactée récemment par un cabinet d’architectes intéressé par son profil et a décroché un entretien d’embauche.