En bref
Contraint, en 2005, de fermer son cabinet en ressources humaines, Bertrand-Marie Padovani, passionné par le travail du bois, décide d’en faire son métier. Aujourd’hui, artisan d’art spécialisé en restauration de meubles anciens, il commence à “se faire un nom”…
« Objets inanimés avez-vous donc une âme… » Bertrand-Marie Padovani a fait sienne cette phrase d’une poésie d’Alphonse de Lamartine. Psychologue clinicien et titulaire d’un DEA de sciences politiques, Bertrand-Marie Padovani a longtemps travaillé, en indépendant, dans le secteur des ressources humaines.
Une première vie professionnelle en entreprise
Son quotidien : recrutement, conseil, repositionnement de cadres, entre autres, pour de grands groupes américains des secteurs automobiles ou ferroviaires, « mais jamais de plans de licenciements », précise-t-il. Et puis, il y a eu les attentats du 11 septembre 2001. À partir de ce moment, sa vie a basculé.
« Les États-Unis ont quasiment arrêté les investissements avec l’étranger. Ma clientèle et mon chiffre d’affaires ont fortement chuté. De plus, les valeurs des entreprises me conduisaient à gérer des ressources “inhumaines”, en totale contradiction avec mes propres valeurs. Fin 2004, j’ai donc cessé complètement mon activité. Repartir à zéro à 55 ans, ce n’est pas évident mais j’étais déterminé à rebondir… »
Le travail du bois : du simple hobby à un véritable métier
Passionné par le travail du bois, Bertrand-Marie avait déjà suivi plusieurs stages grâce auxquels il réalisait des travaux de petite menuiserie et restaurait de vieux meubles durant son temps libre.
De ce hobby, il a donc décidé de faire son métier, se disant que le bâtiment étant un secteur en tension, il y trouverait facilement du travail. Sur les conseils d’un ami, il s’inscrit à Pôle emploi et demande à suivre une formation de menuisier au centre Afpa de Limoges, ville où il réside alors. « Je n’ai pu y accéder car la formation était complète. Celle d’ébéniste n’était pas dispensée sur Limoges. En janvier 2005, j’intègre finalement une formation de charpentier durant 9 mois », explique-t-il. « J’ai eu mon titre, mais je n’ai jamais exercé ce métier. »
Désireux de rejoindre sa ville natale, Bertrand-Marie part en 2007, s’installer à Cherbourg comme artisan d’art. Mais l’activité économique de la région est faible et il peine à trouver du travail. Puis, au hasard de ses rencontres, il croise une femme spécialisée dans la peinture à la colle, une technique datant du XVIIIe siècle très rare aujourd’hui . « Devant ma soif d’apprendre, elle a accepté de me prendre en stage pour m’initier à cette technique. » Une technique dont il a fait sa spécialité et qui a donné un nouveau souffle à son activité.
Restaurer des meubles anciens, sa nouvelle vie professionnelle
Aujourd’hui, Bertrand-Marie est installé à La Chapelle-Montligeon (Orne), dans une ancienne imprimerie réhabilitée en ateliers qui héberge des artisans d’art. « Pour l’anecdote, nous avons quasiment tous fait le choix de notre métier dans le cadre d’une reconversion, et l’un d’entre eux a comme moi suivi une formation à l’Afpa », souligne-t-il amusé.
Rénover des meubles anciens, leur redonner une âme et toute leur splendeur est désormais son quotidien. Sa passion et sa pugnacité commencent “à payer” et son savoir-faire à être connu : « Je viens d’être sollicité par une mairie pour rénover la peinture du perchoir de sa petite église. Le dossier est soumis pour approbation aux Bâtiments de France et j’espère une issue favorable, cela serait une sacrée reconnaissance ! », confie-t-il.
Le collagène extrait de peaux de lapins est transformé en paillettes auxquelles on ajoute de l’eau et qu’on laisse gonfler durant plusieurs heures pour faire de la colle. Puis on la chauffe très doucement et on y ajoute du blanc de Meudon.
Après le décapage et le ponçage de la partie à rénover, on encolle puis ponce légèrement le support en couches successives. Enfin, on ajoute les pigments de couleur à cette substance ; la patine ainsi obtenue redonne vie à l’objet.