Activ compétences au service des quartiers prioritaires de la ville
L’Afpa et ses partenaires du service public de l’emploi territorial expérimentent un dispositif innovant d’accompagnement dans un quartier prioritaire de la politique de la ville.
C’est une expérimentation à plusieurs titres exemplaire qui a été menée à Reims cet été dans un des quartiers prioritaires de la politique de la ville. D’abord parce qu’elle a mobilisé tous les partenaires du service public de l’emploi (SPE) territorial à l’initiative de la présidente de la communauté d’agglomération du Grand Reims : l’Afpa, Pôle emploi, Cap emploi, les missions locales, la Direccte et les services de l’État. Ont été mobilisés également le tissu associatif, les bailleurs, l’éducation nationale, les différents acteurs locaux de l’insertion et les structures d’accueil (maisons de quartier, médiathèque, etc.…).
Le quartier de la Croix Rouge à Reims : site pilote
Exemplaire ensuite parce qu’elle s’est mise en place très rapidement sur le terrain, au plus près des besoins des habitants. Et enfin parce qu’elle a rencontré un réel succès qui autorise son renouvellement cet automne et peut être sa généralisation à l’échelon national.
« Nous avons centré nos efforts sur le quartier Croix Rouge à Reims, un des quartiers prioritaires de la ville, qui compte environ 20 000 habitants, souligne Céline Hure, directrice du centre Afpa de Reims. Il y a dans ce quartier une grande diversité ethnique et un taux de femmes isolées en situation de monoparentalité important. Moins de 10 % de cette population est inscrite à Pôle emploi. Elle passe donc grandement en dessous des radars. Nous voulions toucher ce public pour l’accompagner vers l’emploi avec quatre actions prioritaires mobilisant des intervenants d’Afpa formation, Afpa transition et du conseil en formation : la mise à niveau linguistique pour une utilisation quotidienne du français ; l’apprentissage des outils numériques ; la compréhension de l’écosystème de l’emploi et la découverte d’un métier en situation réelle. »
55 volontaires
Le dispositif Activcompétence, financé par l’État, la Direccte et les collectives locales devait répondre à cette ambition. « Nous avons commencé par cartographier le quartier, sa population – âge, sexe, origine ethnique, localisation – ses équipements, son emploi en regardant notamment quels étaient les métiers les plus recherchés par cette population et les métiers qui recrutaient le plus sur ce quartier, explique Céline Hure, pour rendre l’information lisible ».
Un travail réalisé avec la cellule statistique de Pôle emploi Grand est, le cabinet Compas de Strasbourg, l’université de Reims et la direction politique de la ville et de l’habitat du Grand Reims. « Ensuite nous avons expérimenté notre dispositif d’accompagnement sur un micropanel d’une cinquantaine de volontaires » ajoute la directrice du centre Afpa de Reims. Pour recruter ces volontaires il a fallu « convaincre de l’utilité du dispositif qui s’inspirait d’un projet d’aide à l’insertion initié par la Maison de quartier en 2015, explique Zacharie El Majdoubi, chef de projet territorial à la direction politique de la ville et de l’habitat du Grand Reims. Ce travail de prospection a duré environ un mois, sur le terrain, pour informer les habitants. »
Au total près de 80 personnes ont manifesté un intérêt « et 55 se sont effectivement inscrites aux ateliers,précise Rachid EL Ghalloussi, chef de projet insertion et développement économique dans la même direction. Parmi elles 37 femmes, 13 hommes, avec une moyenne d’âge de 42 ans. »
Érythréens, géorgiens, syriens, afghans, belges, maghrébins, turcs… Durant deux mois, en mai et juin, ces 55 apprenants ont participé à des ateliers de formation sur le campus de la Neoma Business School de Reims, limitrophe du quartier. « Nous voulions un cadre statutaire pour encourager la mixité sociale », confesse Céline Hure.
Depuis une partie de ces personnes poursuit un parcours d’accès à l’emploi incluant une mise à niveau des compétences et une formation qualifiante, d’autres doivent d’abord consolider leur bagage linguistique. Une nouvelle expérimentation sur une cohorte plus large d’une centaine de personnes devrait se mettre en place prochainement.
Activcompétence sera ensuite évalué avant d’être peut être élargi à d’autres quartiers de la ville de Reims. « Nous avons d’ores et déjà enregistré une véritable plus value sur le quartier par la mobilisation de tous les acteurs, souligne Zacharie El Majdoubi, et la création d’un groupe de travail pour identifier les actions complémentaires à mener en fonction des besoins. »