Un plan d’action expérimental pour favoriser l’insertion des réfugiés
Depuis la mi-octobre, 100 réfugiés sont hébergés et formés dans trois centres Afpa d’Ile de France dans le cadre d’une expérimentation conduite en partenariat avec la préfecture de région, Pôle Emploi et le FAF. TT.
Comment aider les réfugiés à s’insérer ? En favorisant leur accès à l’emploi, ont répondu l’Afpa et le FAF. TT (Fonds d’assurance formation du travail temporaire). « Dès octobre 2015, le président de l’Afpa, Yves Barou, avait exprimé notre volonté d’accueillir 2 000 migrants dans nos centres, dans le cadre de notre mission de service public. Nous avons ensuite réfléchi à la façon d’aller plus loin en proposant une offre intégrant hébergement, restauration, formation en langue et formation professionnelle. Nous avons alors rencontré le FAF. TT qui souhaitait lui aussi s’engager sur la formation de ces publics », explique Pascale Gérard, directrice des partenariats à l’Afpa.
En lien avec la préfecture d’Ile de France qui joue le rôle d’assembleur et Pôle emploi, les deux opérateurs ont donc décidé de s’impliquer dans la mise en place d’un projet innovant d’une durée de huit mois. Aux cours des quatre premiers mois, l’accent est mis sur l’apprentissage de la langue française. Les quatre mois suivants sont, quant à eux, centrés sur l’acquisition de compétences professionnelles, avec en ligne de mire l’obtention d’un diplôme ou d’une certification professionnelle même si, dans un premier temps, les candidats pourront surtout valider une partie des contenus organisés sous forme de modules avant de suivre ultérieurement l’ensemble du parcours.
Outre le couplage entre hébergement et formation, le nombre de personnes concernées témoigne aussi du caractère novateur de ce plan. « C’est la première fois que nous menons une action d’une telle ampleur », insiste Sophie Brocas, la préfète d’Ile-de-France qui salue cette initiative « exemplaire ». Une centaine de personnes ont ainsi été sélectionnées en amont selon plusieurs critères : elles devaient être inscrites à Pôle Emploi, ne pas être dans un autre dispositif et être alphabétisées. Les centres Afpa étant peu adaptés pour accueillir les familles, les individus seuls ont également été privilégiés. Cette cohorte, qui a bénéficié d’un « bilan flash » effectué par Pôle Emploi, a ensuite été répartie en deux grands groupes d’une cinquantaine de personnes chacun, en fonction de leur âge : les réfugiés de moins de 26 ans qui ne pouvaient pas bénéficier du RSA, hébergés et formés dans le centre Afpa de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), ont ainsi été pris en charge par Humando une entité du groupe Adecco, spécialisée dans l’insertion, qui leur a proposé de signer un CDPI (Contrat d’aide des parcours intérimaires) financé par le FAF. TT. « Compte tenu de notre expertise, nous avons aussi pris les personnes les plus éloignées du marché de l’emploi. Ce type de contrat, qui offre un revenu aux réfugiés, est un dispositif adapté aux besoins de ce public car centré sur la formation, il constitue une première étape avant qu’ils puissent être placés en intérim pour des missions classiques, met en avant Jean-François Connan, le directeur général d’Humando. Si la plupart des bénéficiaires ont eu une expérience professionnelle dans leur pays, leur niveau de qualification est majoritairement peu élevé. »
Les candidats plus âgés, éligibles au RSA, hébergés et formés dans les centres Afpa de Lardy et Stains, sont pour leur part regroupés dans le second groupe de 50 personnes qui seront accompagnées sur les mêmes bases pendant huit mois. Les coûts pédagogiques pour le groupe sous contrat de travail sont financés par le FAF. TT et cofinancé par le FAF. TT, Pôle emploi et l’Afpa sur sa dotation provenant de l’Etat pour le second groupe.
« Pour mener cette première expérimentation, il nous a fallu tordre un peu les dispositifs existants qui n’ont pas été conçus pour ces publics, notamment en allongeant la durée prévue pour les CDPI, observe Pascale d’Artois du FAF. TT. L’ingénierie que nous avons mise en place et que nous développons aussi avec l’Afpa dans les Hauts-de-France peut également intéresser d’autres branches professionnelles qui souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre. » Cette expérimentation pourrait bien en effet faire école. En visite à Champs sur Marne le 3 novembre dernier, Myriam El Khomri, la ministre du travail et Emmanuelle Cosse, la ministre du Logement, ont d’ores et déjà annoncé leur volonté d’étendre ce programme à quelque mille réfugiés.
Laurence Estival