Fil info 27/09/2016

Alternance : des formations ajustées pour les entreprises du Jura

Des entreprises jurassiennes, Pôle emploi et deux organismes de formation professionnelle (l’Afpa et l’Afpi*) se sont associés pour construire un dispositif de recrutement innovant en Bourgogne Franche-Comté. Objectif : former et recruter des mécaniciens ajusteurs moulistes qualifiés. Retour d'expérience avec la société SMP Moules.

Alternance : des formations ajustées pour les entreprises du Jura

« Nous avons beaucoup de difficultés à recruter du personnel compétent sur les métiers de mécanicien ajusteur mouliste. L’alternance reste quasiment le seul moyen d’y parvenir», reconnaît Céline Angeloz, assistante de direction et responsable RH de la société SMP Moules.

Pourtant, cette PME de 60 salariés, implantée à Lavancia Epercy (Jura), spécialisée dans la conception et la fabrication de moules métalliques de haute précision, est une entreprise prospère : 8,8 millions de chiffre d’affaire en 2015. Mais, comme de nombreux établissements francs-comtois installés sur le même créneau (Smoby, Thomas, Procap, Hebert, le groupe Sab JB Technics, Grand Perret), les candidats qualifiés sur ce type de métier ne sont pas légion.
 

Un dispositif de recrutement sur-mesure

Un problème récurrent qui a conduit ces entreprises, le Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, Pôle emploi et deux organismes de formation (l’Afpa et l’Afpi) à unir leurs compétences respectives pour élaborer un dispositif de recrutement sur-mesure basé sur l’alternance. 

Ce dispositif, financé par la Région et l’Opca Défi, s’est déroulé en trois phases :

  • Sélection sur leurs aptitudes de 10 demandeurs d'emploi grâce à la Méthode de Recrutement par Simulation (MRS), mise au point avec le concours des responsables monteurs des entreprises concernées par le projet,
  •  formation durant 6 mois pour obtenir une double qualification : le CQPM (Certificat de Qualification Paritaire de la Métallurgie) d’ajusteur monteur de système mécanisés (Niveau V) et celui d’outilleur mouliste (Niveau IV),
  •  période d’un an en contrat de professionnalisation dans l’une des entreprises participant au dispositif.

 

Maturité, savoir-être et choix mutuel

Parmi les bénéficiaires de ce dispositif, Maud Pelouas, 26 ans, qui, confrontée au chômage après des études d’optiques, s’est décidée à suivre la formation de monteur ajusteur en système mécanique au centre Afpa de Lons-le-Saunier, d’octobre 2015 à mai 2016.

« L’avantage, confie-t-elle, c’était d’entrer dans un centre de formation reconnu, d’obtenir un titre professionnel, avant de pénétrer le monde de l’entreprise, via un contrat de professionnalisation.» Un intérêt partagé par Céline Angeloz : « Les stagiaires de l’Afpa sont des adultes qualifiés et motivés, pas des gens sortis de l’école qui ont suivi une formation comme un pis-aller. Il y a une différence flagrante de maturité, de ponctualité et de savoir-être. Et le savoir-être, en entreprise, c’est aussi important que le savoir-faire ! »

L’autre avantage de ce mode de recrutement, est celui du choix mutuel. Car si Gilles Pontarollo, responsable du montage ajustage chez SMP Moules, a choisi en amont la candidature de Maud Pelouas dont il est actuellement le tuteur référent, celle-ci a pu également décider dans quelle société effectuer son année de professionnalisation : « J’avais aussi des propositions d’autres entreprises participant à l’opération, explique-t-elle. Je les ai toutes visitées, mais, finalement, j’ai opté pour celle-ci, en raison de ses locaux, de la qualité de ses équipements, mais aussi de son contact humain, même si, en termes de transports, c’était la moins pratique !»
 

Gagnant-gagnant

Mais la jeune femme a dû compléter la formation acquise à l’Afpa en l’adaptant à son nouvel environnement de travail, la société SMP Moules possédant un matériel à la pointe de la technologie. « A cause de ce décalage, il a donc fallu que je fasse une formation au sein de l’entreprise après celle effectuée à Lons-le-Saunier.» Une situation que confirme à sa manière Gilles Pontarollo : « Je fais ce métier depuis mes 18 ans et je peux vous dire qu’il faut 10 ans d’expérience pour faire un bon ajusteur mouliste. Alors, même si son année de professionnalisation est terminée, la formation de Maud en interne est loin d’être finie ! Mais elle peut compter sur les compétences de tous ceux qui travaillent ici et vers qui elle peut se tourner pour étoffer son savoir-faire. Ce sont en quelque sorte des tuteurs par délégation. »

Même si pour cette PME l’expérience représente un véritable investissement, tant en terme d’implication du personnel que de temps  consacré au projet, chacun semble en définitive y trouver son compte, comme nous l’explique Céline Angeloz : « C’est vrai que l’alternance est un système très chronophage, car il faut être très attentif au travail du contrat pro, l’épauler, la conseiller, la guider constamment, tout en maintenant une activité normale pour la production. Mais c’est aussi un bon moyen pour former les futurs salariés aux exigences de l’entreprise. Au final, c’est du gagnant-gagnant, tant pour nous que pour les demandeurs d’emploi.»  Et ce n’est pas Maud Pelouas qui dira le contraire, elle qui, au terme de son année de professionnalisation, a directement été embauché en CDI !

Alors l’entreprise jurassienne estime ses besoins en personnel qualifié à 5 personnes par an, deux autres contrats de professionnalisation sont attendus dans les prochaines semaines.

 

*AFPI (association pour la formation professionnelle dans l’industrie, membre du réseau UIMM) : développement des compétences, construction d’un projet personnalisé, qualifications, moyens pédagogiques, formations adaptées, qualifiantes et en alternance dans l’industrie…